Depuis le moment où j’ai choisi le statut de coopératrice salariée (et pas encore salariée pour l’instant) au sein d’une Coopérative d’activité et d’emploi, j’ai pensé d’abord à l’intérêt de pouvoir être indépendante, tout en ayant le support administratif et un accompagnement de la part de la Scop Oxalis.
Ensuite je me suis dit que c’était l’occasion de me familiariser avec un fonctionnement en réseau « souple », avec des espaces de coopérations possibles, mais pas obligatoires, avec la possibilité de rentrer en contact avec des personnes externes à mes connaissances, à mes « milieux » comme on dit.
Ensuite j’ai lu sur le site d'Oxalis que c’était de l’économie sociale et solidaire. A creuser, car les contours de ce champ, ainsi que ses chevauchement avec d’autres me questionnent toujours.
Et puis je me suis rendue compte que, dans le lancement de mes activités, dans ma tentative de mettre de l’ordre dans mes pratiques et dans mes envies d’action c'était compliqué d'être seule. J’avais besoin de le dire à quelqu’un, de faire l’effort de nommer, d’expliciter les choses pour qu’elle puissent prendre sens.
Habiter sa pratique veut aussi dire pouvoir se remettre en cause, pouvoir produire de la réflexion sur ce que l'on fait, comment on le fait, pourquoi on le fait comme cela et pourquoi ici et maintenant. Accompagner la réflexivité des autres est important et passionnant, mais accompagner sa propre réflexivité me semble nécessaire.
Et pour pouvoir se rendre compte des cadres de pensée dans lesquels on agit il n’y a rien de plus efficace que de raconter ce qui nous semble une évidence à quelqu’un d’autre qui va probablement, à un moment ou à un autre, hausser le sourcil avec un air douteux ou, du moins interrogatif.
C’est cela que je cherche, c’est cela que j’aimerais pouvoir solliciter de temps à autre, afin de faire jouer une petite boussole, qui est celle de mes valeurs, de l’éthique de ce que je fais et de la manière dont je cherche à le faire. Ces doutes, posées avec autant de naïveté que d’acuité, peuvent venir seulement de personnes extérieures.
C’est pour cette raisons que je vais solliciter quelques personnes, pour leur parler de mes projets, de mes réflexions, pour leur proposer d’expérimenter des choses ensembles s’ils le souhaitent, pour prendre la place d’un CA que je suis pas tenue d’avoir vu mon statut non associatif, mais qui prend ici tout son sens. Un CA dont je n’exaucerait pas les souhaits, un CA pour lequel je vais éviter de « mettre en œuvre » quoi que ce soit, car il n’y a pas de réelle division entre les valeurs politiques et les orientations et le faire au jour le jour, car l’agir est politique et la pensée à un vrai pouvoir performatif.
Alors essayons de se partager les rôles tout en restant chacun à sa place, ou de changer de place à des moments donnés si on en a envie, mais créons des espaces de confrontation dans la proximité et si possible des espaces d’action en commun.
J’expérimente ces modes de faire CA dans certains de mes engagements, et j’ai envie de les reproduire, de les tester et de voir ce que ça donne et jusqu’ou on veut aller. En vrai, je n’ai pas « besoin » de cet espace, mais je le veux nécessaire.
Je lance les invitations alors, c’est décidé.